Journée pluvieuse rimait souvent avec journée calme à la bijouterie . Et aujourd'hui ne dérangeait pas à la règle. De toute l'après midi, Charisma n'avait vu que deux ou trois clients et encore, ils étaient entrés dans la boutique principalement pour s'abriter des trombes d'eau qui tombait depuis une journée sans interruption. Chose peu habituelle pour un mois de juin d'ailleurs mais la météo était capricieuse et il n'était pas rare d'avoir un mercure qui battait des records de chaleurs en début de semaine pour battre des records de fraicheur à la fin de celle ci.

Le manque d'activité dans la boutique n'était pas pour déplaire à la jeune demoiselle, cela lui permettait au moins d'avoir quelque heures de répit après une matinée éreintante. Comme à chaque fois qu'elle avait une journée de libre, le programme de Charisma était le même. Elle se levait tôt, prenait son petit déjeuner et accompagnait son frère. Elle était obligée d'aller en salle d'entrainement avec Levi et le fils du maire, Jasper. Cela faisait partie de l'accord signait entre son frère et le maire. Pouvoir coaché sa sœur en même temps que Jasper faisait partie des termes du contrat que le maire et Levi avait passé il y a quelques temps déjà. Le maire avait eu du mal à accepter cette condition d'ailleurs mais il avait finit par céder en voyant l'obstination dont faisait part Levi, il savait aussi qu'à part lui il n'y avait pas beaucoup de prétendant au titre d'entraineur pour son fils.

On ne pouvait pas dire que cet accord ait plut à Charisma, ce n'était pas tant le fait de devoir s'entrainer pour des jeux auquel elle n'avait aucune envie de participer, mais plutôt le fait qu'elle allait devoir passer toutes ses séances d'entrainement avec la présence de Jasper, l'archétype du gars friqué, ayant l'intention de vivre au crochet de son père influent aussi longtemps qu'il lui ait été donné la possibilité. Du moins c'est comme ça qu'elle se l'imaginait et son comportement ne lui donnait aucune raison de penser le contraire. A part peut être durant le temps qu'ils passaient ensemble aux entrainements. La, il faisait preuve d'une telle détermination même lorsque son frère était dur avec lui, ce qui, il fallait bien l'avouer, arriver la plupart du temps. Il ne se plaignait jamais et obéissait sans broncher. Mais cela n'arrivait que pendant les entrainements, en dehors il était bien différent... C'est ce qui dérangeait le plus Charisma en fait, qu'il soit aussi différent entre le moment où ils faisaient leurs séances et le reste du temps, elle ne supportait pas les gens à double face et Jasper aurait pu être leur représentant ! Et aujourd'hui n'avait pas été différent des autres jours, l'entrainement s'était passé sous la pluie et deux heures durant, les deux jeunes ont dû faire des tours de terrain -lorsqu'elle disait que son frère était dur avec Jasper cela s'appliquait aussi pour elle, dans ces moments là il n'y avait plus de grand frère ou de petite sœur, seulement un coach et son protégé- Ils étaient ensuite entrés à l'intérieur pour revoir quelques techniques d'attaques et de combats au corps à corps. L'entrainement d'aujourd'hui avait été particulièrement pénible pour Charisma, surement à cause de la météo peu clémente, le fait est qu'à la fin de la séance, elle sentait qu'elle finirait la journée malade et elle avait vu juste, depuis qu'elle avait pris son poste à la boutique, la jeune femme avait dû éternué une bonne quinzaine de fois. Si elle avait pu, elle aurait fermé boutique et serait repartie chez elle se blottir sous sa couette, lire un bouquin peut être même ! Mais l'idée ne lui était pas possible, elle était seule au comptoir et devait attendre au moins que l'un des responsable du jewel store ne vienne prendre sa place pour pouvoir rentrer chez elle. Alors tout ce qu'elle devait faire c'était attendre et espérer que sa migraine ne s'intensifie pas, parce que malade ou pas, elle devrait toujours aller s'entrainer le lendemain matin...

« -Oh mais qui vois-je ! Ne serait-ce pas l'employée du mois ?! »

Charisma redressa immédiatement sa tête -non sans provoquer une légère aggravation à sa migraine- elle savait exactement à qui appartenait cette voix et ne pouvait s'empêcher de grimacer. Elle aurait dû se douter qu'il finirait par venir la voir, après tout cela faisait quelque jours qu'il n'était pas revenu à la charge avec ses petites remarques qui avait le don d'irriter Charisma plus de coutumé.

« -Oh mais qui vois-je ! Ne serait-ce pas l'emmerdeur du mois ?! »

Malgré sa migraine et son manque d'énergie apparent, Charisma avait toujours assez de force pour répondre à Mikael avec tout le cynisme dont elle pouvait faire preuve. Il ne s'embarrassait pas de mondanités avec elle, alors pourquoi le ferait-elle ?

La pluie agaçait Mikael au plus haut point. Lui qui aimait profiter de l’extérieur se voyait confiné chez lui, à ne rien faire. Certes il y avait bien les jeux vidéo pour lui faire passer le temps, mais ce n’était pas pareil d’y jouer avec envie ou d’y jouer parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire. Il déambulait dans la maison, les mains dans les poches, caractéristique de son ennui. Sa mère le voyait bien, mais elle ne pouvait pas lui proposer de rendre visite à quelqu’un dans les districts inférieurs par ce temps. Elle trouvait important qu’il y aille car elle était une des seules à savoir d’où il venait. A le regarder, elle se demandait si il aurait aimé les jeux s’il connaissait la vérité. Le connaissant à présent, elle savait qu’il aurait certainement demandé à vivre dans son ancien district, mais elle ne pouvait se résoudre à le voir mourir. Il était son fils, qu’il soit adopté ou pas.

D’ailleurs, un certain évènement approchait : l’anniversaire de sa mère. Chaque année, il se pliait en quatre. Son père lui donnait l’argent nécessaire, mais il avait pour mission de trouver un cadeau incroyable de la part des deux hommes de la maison. Mais si Allison était bien élevée et ne disait rien quant à l’ordinaire de leur cadeau, il fallait avouer qu’ils ne se cassaient pas la tête. Ils dépensaient beaucoup, mais le cadeau n’avait rien d’incroyable. Il s’agissait généralement de bijoux, et sa mère en avait déjà une ribambelle. Mais puisqu’elle ne disait rien, ils ne changeaient pas leurs habitudes. Alors à force de déambuler, il s’était dit qu’il ferait peut-être mieux de s’en occuper. Quand sa mère lui demanda où il allait, il ne lui répondit pas, si bien qu’elle se doutait bien de la raison de ce silence. Il partit en taxi comme à son habitude, son chauffeur attitré l’attendait déjà dehors, protégé par un parapluie, et se rua sur lui lorsqu’il sortit pour éviter qu’il se trempe. Ca avait du bon d’être riche n’est-ce pas. Direction le district un, dans une boutique qu’il ne connaissait que trop bien. Une fois là-bas, il rentra dans la boutique, et se mit à observer les lieux qu’il connaissait par cœur, à la recherche d’un détail nouveau, mais il s’exclama bien vite, constatant que sa vendeuse préférée – parce qu’il adorait l’enquiquiner – se trouvait là. Ravissante jeune fille avec qui il ne s’entendait pas forcément bien, mais c’était de sa faute puisqu’il entretenait une relation explosive, en bon immature qu’il était. Au lieu de se faire des amis, il préférait agacer son monde.

L’emmerdeur du mois. Ca le faisait sourire. Elle lui répondait toujours pleine d’animosité comme si elle voulait qu’il déguerpisse au plus vite. Malheureusement pour elle le client était roi, et le jeune Doherty avait tendance à en abuser. Mikael adorait agacer les gens au plus haut point, et plus particulièrement Charisma. Il n’y avait pas de raison apparente à cela, juste que son agacement se faisait sentir et que c’était d’autant plus drôle de continuer grâce à cela. Elle était une potentielle participante aux jeux pour encore quelques temps, et de le savoir Mikael se demandait si elle ferait long feu. Chaque année le jeune Doherty et son père pariait sur le gagnant, bien que ces derniers temps le jeune homme ait perdu plus souvent qu’avant parce qu’il laissait les affinités embrouiller son esprit sur le choix du vainqueur, et ça n’était pas près de changer si Mikael continuait à s’amuser ainsi. Il rit de la répartie de la jeune femme avant de s’approcher un peu plus du comptoir et donc d’elle, et il se pencha, accoudé sur le comptoir : « Il faut bien te sortir de ton ennui. C’est bientôt l’anniversaire de ma mère, et j’ai besoin d’un truc qui sorte de l’ordinaire mais qui soit pas moche, t’as un truc dans le genre ? Me réponds pas toi-même, ma mère n’en a que faire de toi. » Sous-entendu que lui s’intéressait à elle ? Il ne valait mieux pas faire de plans sur la comète avec lui. La regardant avec un sourire qui en disait long sur ses pensées, il continua : « Avoues que tu trépignais d’impatience de me voir passer la porte. » Ou pas. Il savait bien qu’elle lui répondrait un truc cinglant, comme à son habitude, mais en même temps il pouvait lui être utile, et il pourrait la faire virer en deux en trois mouvements. Il n’était pas très haut placé, mais son père si, et ils connaissaient les bonnes personnes. Mais il ne comptait pas la faire virer il n’avait rien d’un mauvais garçon, ce n’était que des menaces et des paroles en l’air. En s’éloignant du comptoir, se baladant de nouveau dans la boutique, il lança : « J’aimerais bien voir comment tu utilises mes conseils à l’entrainement. » Histoire de remettre sur le tapis, l’accord dont ils parlaient, mais auquel elle ne voulait pas se soustraire.

Qu'est-ce que Mikael pouvait bien faire ici un jour aussi pourri que celui là ? Charisma se posait la question. Okay il adorait être le casse pied de service et il était fort quand il s'y mettait mais venir aujourd'hui juste pour le plaisir de se foutre de la gueule de la jeune femme lui semblait être un peu extrême. Même pour lui. Bien sûr il devait avoir une idée derrière la tête et la seule option viable qui venait à l'esprit de Charisma était l'accord que le jeune homme s'obstinait à remettre sur le tapis à chacune de leurs rencontre -un peu trop fréquente à son goût d'ailleurs- Et il ne semblait pas prendre un non comme réponse vu l'obstination dont il faisait preuve. En d'autres circonstances -et si l'objet de son obsession n'avait pas été elle- la jeune femme aurait trouvé son acharnement tout à fait admirable. Mais la elle trouvait juste très énervant. « Il faut bien te sortir de ton ennui. » Elle aurait déjà voulu lui rabattre son caquais avec une réponse bien cinglante mais lui n'en lui laissa pas l'occasion et enchaina directement sans s'embarrasser de savoir si elle l'écoutait ou pas. « C’est bientôt l’anniversaire de ma mère, et j’ai besoin d’un truc qui sorte de l’ordinaire mais qui soit pas moche, t’as un truc dans le genre ? Me réponds pas toi-même, ma mère n’en a que faire de toi. » Charisma esquissa un sourire en coin à la dernière remarque de ce dernier Elle devait bien le reconnaître, si elle faisait toujours preuve de cynisme en sa compagnie il le lui rendait bien, en lui envoyant autant de piques qu'il n'en recevait de sa part.

La jeune femme soupira, au moins aujourd'hui il allait être simplement un client de la boutique. Cela la soulageait d'un côté mais de l'autre cela voudrait dire qu'elle se devait de rester correcte envers lui à cause de la politique du magasin « le client est roi » Même quand le dit client était un vrai con... se disait-elle alors qu'elle s'éloignait du comptoir, elle aurait vraiment voulu avoir un autre vendeur avec elle, la perspective d'être seule avec un mec aussi emmerdant que Mikael ne la réjouissait pas vraiment et c'est encore plus lorsqu'il lâchait des commentaires de ce style : « Avoues que tu trépignais d’impatience de me voir passer la porte. » Vraiment. Il aurait pu largement se passer d'ouvrir la bouche si c'était pour dire ce genre de débilités, mais au moins cette fois ci Charisma avait tout le loisir de lui répondre avec le ton le plus sarcastique qu'elle pouvait produire : « Oh tellement que j'ai fichu tout les clients dehors et les autres vendeurs avec eux ! » Elle lui lança un regard qui en disait long sur son manque d'envie de le voir aujourd'hui, ou n'importe quel autre jour. « Ne te donne pas plus d'importance que tu en as. » La dernière remarque de la jeune femme était sans équivoque et elle lui laissait le soin de méditer la dessus pendant qu'elle s'éloignait de lui.

Malgré le manque apparent d'enthousiasme de Charisma à jouer les vendeuses modèle avec Mikael, elle se devait de jouer son rôle, c'était son job après tout et elle n'allait pas lui donner l'occasion d'avoir un impact, le plus minime qu'il soit, sur sa vie. Non pas qu'elle ait désespérément besoin de l'argent qu'elle gagnait en travaillant au jewel store, Levi pouvait largement subsister aux besoins de toute la famille avec l'argent des Hunger Games et ils n'avaient en plus de cela aucune factures à payer, vivant dans le village des vainqueurs, mais elle tenait à garder ce travaille. Pas pour elle, pour Neelam. Elle lui avait promis de garder ce travail et elle entendait bien garder sa parole...
Charisma perdit un moment le jeune homme de son champ de vision, déambulant dans la boutique. Apparemment il était vraiment sérieux à propos du cadeau pour sa mère, elle devait bien l'avouer cela la surprenait, elle avait du mal à s'imaginer ce gros macho, montrant une once de tendresse envers une autre personne que lui même. D'une certaine manière l'idée sonnait fausse dans la tête de la jeune femme, elle devrait seulement le voir devant ses yeux pour y croire. Mais jusque là elle devait exécutait ses consignes et lui cherchait ce pourquoi il était venu.

Trouvait ce qu'il pourrait apprécier ne lui avait été très difficile. Elle connaissait chaque bijou présentait dans la boutique ou presque et tout le monde demander la même chose  »quelque chose qui sorte de l'ordinaire mais pas moche » bien sûr la notion de moche variait selon la personne -il y avait certaine personne avec des goûts vraiment bizarre, même pour des habitants du District Un, ou en tout cas pour Charisma ils l'étaient- Pour Mikael, Charisma avait opté pour un collier en or blanc, avec comme pièce principal un diamant rouge. Le reste du collier était sertie de petits diamants de différentes couleurs, tous taillé de manière à absorbait les reflets pour les redirigeait tous vers le plus gros diamant et crée un effet plutôt unique. Si Mikael voulait du pas ordinaire et pas moche c'était ce qu'il pouvait espérer de mieux.

Charisma déposa le collier délicatement sur un tissu posait sur le comptoir et chercha son client, le plus tôt elle concluait la vente le plus tôt il s'en irait. Elle finit par l'entendre revenir vers sa direction en lâchant une fois encore une remarque qu'il aurait très bien pu garder pour lui : « J’aimerais bien voir comment tu utilises mes conseils à l’entrainement. » Alors finalement il avait finit par remettre le sujet sur le tapis. En même temps c'était trop beau, lui n'étant pas aussi agaçant. « Je ne les utilise pas. C'est bien pour ça que je suis aussi douée. » Un petit sourire satisfait se déssina sur le visage de la jeune femme. S'il espérait qu'aujourd'hui allait être le jour où elle allait accepté sa proposition, il était vraiment à côté de ses pompes. « voilà un collier qui devrait plaire à ta mère. » Charisma montra le bijou d'un geste de la main et sans rajouter un mot attendit de voir ce dont en penserait le jeune homme...

Pourquoi se rendait-il toujours dans cette boutique ? Il y en avait pourtant des tas, mais il avait choisi celle-là en particulier. Pas que les bijoux étaient bien plus beaux, plutôt qu’il pouvait passer un bon moment plutôt que d’acheter sans rien dire. Charisma n’était pas une proie, elle était plutôt une manière de le divertir, et il était pourtant assez difficile. Mais le cynisme dont elle faisait preuve était légendaire. Il se savait détestable au possible avec elle, mais c’était son passe-temps favori. En même temps elle n’avait jamais été vraiment catégorique avec lui, à croire qu’il lui faisait peur. Elle aurait pu le faire déguerpir certes, mais elle aurait certainement eu des emmerdes et comme son père était juge, il valait mieux ne pas tenter le coup si elle voulait ressortir facilement vivante des jeux, car son nom pouvait être tiré, on ne pouvait attester de la justesse des jeux et que ceux-ci soient faits sans magouille. C’était la place de choix qui permettait à Mikael d’être si confiant, il n’aurait pas été de cette trempe-là sinon. Le jeune Doherty avait été élevé comme bon fils unique, et même si sa mère avait cherché à éviter qu’il en prenne les défauts, son père avait voulu cultiver cela, ce qui le rendait insupportable. Il avait tout de même un léger défaut, qui s’avérait notable et qui ne jouait pas en sa faveur : il avait tendance à être faible face aux femmes. Elles pouvaient le mener par le bout du nez et c’était assez paradoxal et incroyable pour un gars qui prônait presque le machisme, quoi qu’il soit très attaché à sa propre mère. Mikael était contradictoire et imprévisible, ce qui rendait complexe une quelconque relation sociale avec lui. D’où sa solitude grandissante et également ses nombreuses combines pour ne pas paraitre seul aux yeux de tous.

Charisma n’était pas au bout de ses peines si elle n’allait pas dans cette direction-là. Il était facile d’exiger avec Mikael si on était prête à faire un sacrifice en échange, tout dépendait de ce qu’il demandait évidemment, mais avant même d’avoir la preuve d’un accord, puisqu’il accordait rapidement sa confiance aux femmes, il se faisait vite rouler. Ca ne lui avait pas servi de leçon jusqu’à présent, et semblait se dire qu’il s’agissait d’erreur de parcours. S’il ne se souciait pas de ça, il se souciait en revanche de l’anniversaire de sa mère, et il était en train de s’imaginer un tas de trucs dans sa tête. Pourquoi ne pas changer la routine ? Sa mère serait enchantée à l’idée d’avoir une fête en son honneur, il en était sûr. Mais qui devait-il inviter ? Ce n’était pas comme si sa mère appréciait grand nombre de leurs connaissances, elle faisait juste des politesses et des convenances, elle qui était bien élevée, mais son fils l’avait bien compris, elle ne voulait pas vivre dans le même monde qu’eux. Elle avait horreur des jeux, et elle était soucieuse de la condition des pauvres. Alors peut-être qu’elle se contenterait d’un repas en famille. Sorti de ses pensées et hypothèses par la voix mélodieuse de la jeune femme du district un, il lui sourit amusé : « Si j’étais pas là votre boutique serait déjà fermée depuis un bout de temps, il n’y a jamais personne ici, à croire que tu vires vraiment tout le monde pour moi. » Il était loin d’être débile à ce point, mais c’était un genre qu’il se donnait : Mikael adorait analyser toutes les situations et paraitre faible pour mieux rebondir. Elle lui faisait savoir qu’il n’était rien pour elle, et qu’il ne serait jamais rien à ses yeux, par une formule bien plus polie ceci dit. Il ne fallait pas froisser monsieur. Il laissa courir, n’y répondant même pas, après tout, il ne connaissait ni la véracité de ses propos ni ce que signifiait être important pour quelqu’un en dehors de sa propre famille.

Mikael arpentait les vitrines tandis que Charisma était partie lui chercher quelque chose qui pourrait ressembler à sa maigre description, lui qui n’y connaissait pas grand-chose. Elle revint un moment après et il se rapprocha du comptoir, elle lui déposa un magnifique bijou qui apparaissait fantastique, mais aussi très complexe et très lourd. Elle lui fit savoir qu’elle n’écoutait pas ses conseils, et il releva la tête vers elle, haussant les épaules : « Tu diras pas ça dans l’arène. Reproduire les erreurs des autres c’est se condamner à mort. Oh mais j’oubliais, ton frangin a la science infuse, il a gagné. Pas sûr que tu parviennes à faire oublier sa victoire cela dit. » Il savait qu’elle était capable de remporter une édition, comme tous les autres candidats, mais pour lui ça allait plus loin. Si elle était sélectionnée, il jouerait son pari sur elle, et il voulait s’assurer qu’elle était dans de bonnes dispositions, ce qui pour le moment selon lui, n’était pas le cas. Il y avait bien une manière d’exploiter son talent, ce qu’elle pouvait trouver toute seule : la vengeance. Mais elle lui proposa de s’intéresser un peu plus au bijou, et la première réaction qu’il eut fut incontrôlée, il s’énerva presque, allez savoir si c’était parce qu’elle lui faisait des remarques : « T’as pas mieux ? » Pourtant le bijou était magnifique, mais il avait l’impression que ça vieillirait sa mère qui était toujours élégante et qui n’était pas des plus vieilles. Elle lui répondrait surement qu’il était trop difficile, alors il s’éloigna pour contempler le reste. Alors il revint avec une idée en tête : « Bracelet, or blanc, et qui fait pas vieux jeu. » On aurait dit qu’il donnait des ordres. Puis il s’approcha de nouveau d’elle, un peu plus aimablement : « T’es capable de me trouver ça, t’es tellement douée, parfaite… » En fait c’était bien ironique. Mais ce n’était pas comme ça qu’il allait avoir ce qu’il voulait.

Le temps n’allait pas en s’améliorant dehors et il en valait de même pour la santé de la jeune femme. Son mal de tête ne faisait que s’intensifiait et une petite voix lui soufflait que la présence de Mikael n’était pas étrangère à son état. Non pas qu’elle soit de mauvaise foi ou quoique ce soit mais il fallait bien avouer que s’il n’avait pas été là, elle aurait pu espérer un après midi calme sans le moindre client pour lui aggraver sa migraine, elle aurait même pu rentrer chez elle plus tôt que d’habitude et se serait directement mise au lit. Ah maintenant elle en rêvait de son lit, avec sa couette et un bon livre pour lui tenir compagnie, peut être même du thé pour compléter le tableau. Mais au lieu de ça, elle était à la boutique, l’impression qu’un joueur de tamtam se trouvait à l’intérieur de son crâne et pour en rajouter une couche, Mikael. Qui ne semblait pas avoir l’intention de s’en aller de sitôt. C’était bien sa chance à Charisma… Mais quoiqu’il en soit elle devait se débrouiller pour satisfaire le jeune homme avec sa demande et espérer qu’il n’ait pas la mauvaise idée de trainer encore après comme il le faisait si souvent d’habitude.
« Si j’étais pas là votre boutique serait déjà fermée depuis un bout de temps, il n’y a jamais personne ici, à croire que tu vires vraiment tout le monde pour moi. » Son arrogance tapait sur le système nerveux de la jeune femme, elle aurait dû avoir pris l’habitude depuis le temps qu’elle le connaissait mais sa capacité à jouer les emmerdeurs de premières n’avait pas de limites, et l’aversion qu’avait Charisma pour lui non plus. « Mais j’étais sérieuse tout à l’heure, j’ai même une pancarte spéciale pour quand t’es là : " Mikael Doherty est ici, n’entrez pas. Merci ! " » Malgré son exaspération grandissante, Charisma ne pouvait s’empêchait de jouer les cyniques de service avec Mikael. En fait, quand elle y repensait, elle ne pouvait pas trouver une seule fois depuis qu’ils se connaissent, où les deux jeunes gens se soient parlé sans que l’un ne soit désagréable avec l’autre ou la dernière fois qu’ils aient tenu une conversation normale.

Dans d’autres circonstance, dans un autre endroit, peut être que Mikael et Charisma auraient pu devenir amis, bon amis même –après tout quand on y pense ils devaient bien avoir des choses en communs- C’est ce à quoi elle pensait en l’attendant au comptoir. Elle songeait au fait qu’elle aurait même pu être la première à faire un geste. Malgré ce qu’on pouvait penser d’elle, Charisma n’était pas juste une personne antipathique, elle ne se faisait pas beaucoup d’amis mais cela ne voulait pas dire qu’elle n’en était pas capable et pour le cas de Mikael, cela aurait été encore plus facile. -Qu’on ne pense pas que lorsqu’elle a le regard perdu elle ne pense à rien- Elle avait bien remarqué la faiblesse qu’avait le jeune homme du capitole pour la gente féminine, il ne fallait pas être mentaliste pour le remarquer d’ailleurs. Elle pensait d’ailleurs souvent que cette faiblesse allait le conduire à sa perte, les femmes sont toute aussi viles que les hommes et un fils de juge comme lui aurait vite fait de se faire duper par l’une d’elle… La faiblesse de chaire pouvait avoir des conséquences dévastatrices, bien plus que le massacre des Hunger Games, là au moins on savait que le vainqueurs n’avait que vingt trois morts sur la conscience –enfin quand je dis ‘que’ c’est un euphémisme- alors qu’une femme fatale pouvait causer la perte de facilement une centaine d’hommes…

« Tu diras pas ça dans l’arène. Reproduire les erreurs des autres c’est se condamner à mort. Oh mais j’oubliais, ton frangin a la science infuse, il a gagné. Pas sûr que tu parviennes à faire oublier sa victoire cela dit. » Il venait de revenir vers elle et déjà elle aurait préféré qu’il s’en aille. S’il y avait bien une chose que Charisma ne supportait pas c’était qu’on lui parle des jeux ou de sa famille. Mikael avait fait fort, il avait utilisé les deux dans la même phrase ! « Même si je prenais le dernier des habitants du District 12, il en saurait toujours plus que toi sur ce sujet parce que lui aurait vécu l'épreuve de la moisson ! Et puis qu'est-ce que ça peut te faire ce qui m'arrivera si je pars là-bas ?! » Le tempérament de Charisma avait pris le dessus et elle s’était emportée sans s’en rendre compte. Heureusement elle n’avait pas été assez négligente pour laisser échapper un mot qu’elle aurait pu payer cher, surtout devant un Pro-Jeux comme Mikael, elle aurait pu mettre sa main à couper qu’il aurait rameuté tout les pacificateurs de la place publique si jamais elle avait eu le malheur de médire les Jeux… Mais ce qu’elle avait dit était vrai, tout les habitants des districts ont été soumis à la torture de la moisson, avec la peur de voir leur nom être tiré –Enfin pour ceux à qui la participation n’était pas synonyme d’honneur et gloire- alors que les enfants du Capitoles étaient dégagés de toute moisson. Ce n’était pas juste, et Charisma avait toujours ressenti cette petite rancœur envers les habitants du Capitole, même en ayant la chance de vivre dans l’un des district les plus aisés, on ne pouvait rien faire contre la moisson…

« T’as pas mieux ? » Charisma fût sortie de ses pensées par sa demande. Mieux ? Comment diable aurait-elle su ce que ce ‘mieux’ pouvait représenter dans la tête de Mikael ? Elle n’eut pas longtemps à y réfléchir cependant, il lui donna des instructions précise cette fois-ci et elle allait s’exécutait sans un mot lorsqu’il rajouta : « T’es capable de me trouver ça, t’es tellement douée, parfaite… » Sérieusement ? A ce moment là, elle aurait pu lui trouver une centaine de rétorque toute plus cinglante les unes que les autres mais elle n’en fit rien car toutes ses pensée furent brouiller par un éternuement. « Et merde ! » Elle avait tiré le gros lot aujourd’hui c’était certain ! Néanmoins elle se dirigea sans un regard pour son client et alla chercher un bijou correspondant à la demande du jeune homme. Elle revint, quelques instant plus tard avec le dit bijou, le plus ressemblant possible ; un bracelet en or blanc, sertie de petits diamant blanc eux aussi et un plus gros. Simple mais classe, c’est ce qui devrait lui plaire. « Celui la convient-il à monsieur ? » Le ton hautain, elle déposa le bracelet sur le comptoir et encore une fois ne put s’empêcher d’éternuer.

C’était toujours pareil entre eux, ils se chamaillaient comme frère et sœur, comme s’ils ne s’amusaient que si l’un d’eux craquait et envoyait bouler l’autre. Pourtant, à bien les regarder, ils n’étaient pas capables de se blesser totalement puisqu’ils étaient toujours restés courtois, n’avaient jamais dépassé les limites de l’entendement. La peur de blesser, ou la peur d’autre chose ? Chez Mikael, ce n’était pas de la peur, juste du respect. Il pouvait facilement l’attaquer sur une chose ou deux ; il pouvait également abuser de ses privilèges, mais il ne le faisait pas, preuve qu’il y avait là, autre chose que du respect. Cependant leur relation n’était pas définissable à ses yeux. Il était loin de ressentir quelque chose de fort pour elle, il aimait juste l’enquiquiner. En revanche s’il persistait, c’était surement qu’il avait besoin de relations sociales, même bizarres, dans sa vie, malgré ce qu’il disait. Il avait toujours été à part, à l’écart des autres enfants parce qu’il n’était pas éligible pour la moisson, parce qu’il était un fils de juge, et tout ceci avait surement pesé sur les épaules du jeune Mikael, qui malgré tout avait besoin qu’on l’apprécie ou qu’on le déteste, car c’était toujours mieux que l’ignorance. Mais il ne se rendait pas compte qu’il n’avait pas forcément la bonne attitude pour qu’on l’apprécie. Il paraissait immature alors qu’il pouvait montrer qu’il était tout l’inverse, qu’il était doté d’une certaine intelligence, mais ce manque de maturité apparent était-il la traduction d’une enfance pas comme les autres ? Charisma semblait différente des autres qu’il avait rencontrés jusqu’à présent. Elle paraissait certes ennuyée de sa présence, mais elle ne l’ignorait pas pour autant – bien que le contexte aide – ça le poussait donc à entretenir ce lien-là.

Les répliques de la jeune femme étaient cinglantes, elles auraient dû lui démontrer par a+b qu’il était saoulant, mais il n’en démordait pas, il ignorait tout simplement, se plaisant à rétorquer ou à laisser passer, tout dépendait de la chose. Il n’y accordait pas d’importance, il avait sa propre identité bien ancrée dans sa tête, il était fier de ce qu’il était et ce n’était pas les remontrances de quelqu’un qui allaient tout bousculer. Il se mit à sourire de nouveau, une pancarte à son nom, elle le prenait vraiment pour un gamin. Alors il continua dans ce sens : « Oh mais tu l’as pas affichée aujourd’hui, mets-là, je ne voudrais pas que quelqu’un nous perturbe dans nos occupations. » Phrase à double-sens, bien qu’il n’ait pas lieu d’être, il l’utilisait, comme pour lui rappeler l’accord qui lui pendait toujours au nez. Il n’était pas venu pour ça en premier lieu, mais Charisma étant une femme charmante et qui savait se laisser désirer, laissait apparaitre un comportement de gamin capricieux chez Mikael : il la voulait, il l’aurait. C’était aussi simple que ça. Mais il n’était pas non plus fou au point de lui rentrer dedans sans aucun tact, ça prendrait le temps qu’il faudrait.

Ils abordèrent ensuite un sujet sensible. Les Hunger Games étaient un sujet qui ne passait pas dans toutes les têtes, on préférait l’oublier, tandis que Mikael lui, il en parlait tous les jours avec son père. Difficile de comprendre son point de vue lorsqu’on allait au combat et qu’on avait une chance sur vingt-quatre de s’en sortir. D’ailleurs elle semblait lui en vouloir d’avoir la chance d’être épargné. Il n’avait pas choisi. Il aurait préféré l’avoir vécue cette moisson lui qui rêvait d’être dans l’arène et de se battre à mort pour de la reconnaissance. On en était toujours au même schéma, il refusait de tomber dans l’oubli ou dans l’ignorance. Mikael ne souriait en attendant plus. A la voir s’énerver, il s’était posé une question : est-ce que jouer les Hunger Games l’effrayait ? Il ne pouvait pas la sauver, elle était une fille et lui un garçon, donc même s’il se proposait à sa place ça ne changerait rien, et puis il bouleverserait un ordre établi. « Si t’as si peur d’y aller, t’as qu’à t’enfuir. J’estime être malchanceux d’être laissé sur la touche. C’est un honneur de représenter sa famille ou son district ou n’importe quoi. Le gagnant est quelqu’un aux yeux des autres. Il gagne le respect. C’est une chose que les gens devraient vouloir acquérir. » Il s’arrêta avant de reprendre : « J’en sais plus sur les jeux que tu n’en sauras jamais. Et puis tu critiques, mais tu sais pas ce que c’est que d’être mal vu par les gens de ton âge parce que tu es tombé dans une famille épargnée. Moi je ne fais qu’observer, j’aurais jamais la chance de prouver à ma famille que je vaux quelque chose. Peu importe si je meurs, ça fait partie du cycle de la vie. » Il ne répondit pas à sa question, parce qu’il n’avait pas de réponse. Qu’est ce que ça lui ferait s’il entendait le nom de Charisma Huerth lors de la prochaine moisson ? Il ne savait pas. Tout ce qu’il savait c’est qu’il parierait sur elle car elle avait le tempérament pour aller au bout.

Il valait mieux cesser de parler de ce sujet sensible, à la regarder elle était plus qu’énervée, elle semblait renfermer une haine sans limite en ce qui concernait les jeux, comme si ils lui avaient déjà fait bien trop de mal. Pourtant son frère était vivant. Il en revint donc au cadeau, et pensait avoir eu une idée de génie concernant le cadeau de sa mère, mais il se demandait encore si elle allait le porter. Après tout, les bijoux elle en avait des centaines et des centaines renfermées dans la vieille boite qu’il avait lui-même confectionnée quand il avait sept ans. Alors qu’elle allait s’exécuter, elle éternua et il retint un rire à son juron. C’était pourtant une chose qui arrivait. A moins qu’elle ne soit malade ? Quand elle revint, elle déposa le bracelet à l’endroit où le collier s’était trouvé un peu plus tôt, et elle employa les grands mots. Alors il observa une nouvelle fois minutieusement le bracelet, juste pour l’agacer une fois de plus, parce qu’il n’était même pas sûr de l’acheter. La jeune femme ayant éternué une nouvelle fois, il prit la décision de ne pas répondre tout de suite, et sortit de sa veste un mouchoir – propre évidemment – qu’il lui tendit : « Tiens, prends-le. » Il se retourna légèrement pour contempler le temps pluvieux qui ne cessait pas à l’extérieur, et il fit volte-face. « Sincèrement, tu offrirais quoi à ta mère ? » Des bijoux ? Il se le demandait bien. Le bracelet correspondait à ses attentes, mais il n’était pas sûr de voir un sourire radieux sur les lèvres de sa mère. Elle avait peut-être besoin de rentrer chez elle aussi. Si c’était le cas, il abrègerait certainement la conversation, il n’était pas immonde non plus.

Peut être qu’elle se montrait trop sévère envers Mikael ? Cette question lui traversait l’esprit parfois. Elle repensait à toutes les fois où elle lui avait répondu au limite de la courtoisie, où elle avait été désagréable avec lui –parfois même sans qu’il n’ait eu à dire quelque chose- Elle ne savait pas trop pourquoi mais il y avait quelque chose chez lui qui l’irritait et qui la poussait à être déplaisante. Bien sûr des fois il pouvait être très énervant mais les remarques de Charisma n’étaient jamais douce non plus. Il était l’une des rares personnes à se comporter comme ça avec elle. En fait c’est ce qui devait le distinguait de toutes les autres personnes qu’elle connaissait, il était différent. En la taquinant et l’énervant plus que de raison, mais il était différent… Il y en avait un autre qui l’énervait au moins autant que Mikael. Le fils du maire, Jasper Bradsley. Celui la même avec qui elle devait endurer toutes ses séances d’entrainements. Il était au moins aussi casse-pied que Mikael pouvait l’être, à croire qu’elle les collectionnait, les fils de riches avec comme seul passe temps dans la vie faire de celle de Charisma un enfer. Bon peut être pas jusque là mais faillait bien avouer que ce n’était pas loin de la rendre folle des fois. Et aujourd’hui elle avait eu droit aux deux dans la même journée, elle en avait de la chance, hein. Elle avait commencé la journée avec l’humour de chien de Jasper, au moins autant content qu’elle de devoir faire leur entrainement sous la pluie, ensuite était venu ce cher Mikael, avec son lot de phrases à double sens et ses remarques douteuses. Et pour couronner le tout, elle avait attrapé froid. Des fois il y avait des journées où on aurait préféré rester dans son lit, sauf qu’à Panem, c’était rarement une option envisageable, même pour les habitants du District Un.
Mikael semblait être enclin à jouer avec les mots aujourd’hui. « Oh mais tu l’as pas affichée aujourd’hui, mets-là, je ne voudrais pas que quelqu’un nous perturbe dans nos occupations. » Arborant toujours ce ton qui en avait surement fait tomber plusieurs, le jeune homme avait lâché sa phrase comme une invitation à entrer dans son jeu. Charisma sentait bien que l’intérêt que lui portait Mikael n’était pas pour le pur plaisir que leur joute verbale lui procurait mais bien pour le plaisir des yeux. Elle aurait bien pensé à l’arrêter tout de suite, lui épargnait de longues discussions inutiles qui ne serviraient à rien de toute façon, Charisma n’était pas ce genre de fille et ne le serait jamais. Pourtant elle n’en fit rien et se contenta d’ajouter avec un sourire malicieux : « Oh mais je ne te savais pas aussi timide, ou serait-ce par peur qu’on te surprenne avec moi ? »
Leur joute amicale aurait pu rester dans une bonne ambiance s’il n’avait pas eu la mauvaise idée de rentrer dans un sujet délicat. Les Hunger Games était bien le dernier sujet auquel Charisma aurait voulu participer et encore moins avec une personne comme Mikael. Un pro Hunger Games pure et dure, il était même connu pour jouer de l’argent sur le tribut qu’il pensait capable de gagner les jeux, quoique cette information ai toujours été juste une rumeur. Cela n’empêchait pas Charisma d’être irriter à la simple mention des Jeux et de le laisser paraître. Et encore plus lorsque le jeune homme lui proposa de s’enfuir prenant comme raison la théorie qu’elle serait effrayée d’y participer. Elle ne nierait pas qu’elle avait une certaine anxiété à la possibilité d’être un jour choisi pour représenter son District, mais jamais elle n’aurait l’idée de s’enfuir. Elle était peut être pas mal de chose mais elle n’était surement pas une lâche, si elle devait affronter l’arène, elle l’affronterait la tête haute, si ce n’était pas pour elle, ça serait au moins pour Neelam… Ce qui irritait réellement Charisma, c’était l’arrogance et la fierté que pouvait ressentir Mikael à l’idée de participer aux jeux, il en parlait avec d’autant plus d’éloquence comme si mourir était un honneur dont il aurait rêvait faire partie. La jeune femme avait jadis pensait pareil, mais après l’édition de son frère elle avait commencé à changer d’avis et l’édition de l’année dernière, qui avait coûté la vie à Neelam avait fini de la convaincre de la barbarie des jeux et du mal qu’ils faisaient aux tributs et à leurs familles chaque année. Combien avaient dû souffrir, pleurant la mort d’un enfant qu’ils ne reverront jamais ? C’était une chose inconcevable pour Charisma de penser que quelqu’un puisse vouloir participer. « Si je dois être choisi le jour de la moisson je montrai aux côtés de l’hôte et du maire, je ne m’enfuirai pas. Je ferai face et je me battrais. Mais je ne prendrais pas plaisir à tuer des jeunes du même âge moi, voire des gamins. Il n’y a qu’un psychopathe pour y trouver un quelconque plaisir. » Le ton de la jeune femme était sec, tranchant. Elle ne changerait pas d’avis sur ce que les jeux représentaient pour elle, quoiqu’il puisse dire ou faire.

L’humeur de Charisma avait considérablement changé à la mention des Hunger Games. En se rappelant les jeux elle se rappelait inévitablement Neelam. Un souvenir amer qu’elle n’aimait pas ressasser. A quoi bon, il n’était plus là et même si elle ne l’oublierait jamais, elle avait beaucoup de mal à se laisser vagabonder dans ses souvenirs, elle aurait pu avoir un avenir avec lui, mais le sort en avait décidé autrement, fin de l’histoire… « Tiens, prends-le. » Charisma jaugea le jeune homme du regard, fixant le mouchoir qu’il lui tendait, surprise qu’il puisse se souciait de sa santé. Elle lâcha un merci presque inaudible et détourna son regard aussitôt. « Sincèrement, tu offrirais quoi à ta mère ? » Là, elle devait bien avouer qu’il l’avait prise de court. Qu’est-ce qu’elle offrirait à sa mère ? La question resta en suspend dans l’esprit de la jeune femme alors qu’elle laissait son regard se poser sur la fenêtre de la boutique recouverte de gouttelettes de pluie, elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pourrait offrir à sa mère. On ne pouvait pas dire qu’elles soient très proche l’une de l’autre, elles ne se détestaient pas mais sa mère n’avait jamais été du genre maman poule ou maman protectrice alors niveau conseils Charisma étaient un peu limité. Elle réfléchit pendant un instant et finit par dire : « Sérieusement ? Si ta mère savait que tu te donnais tout ce mal pour lui faire plaisir, elle serait déjà contente non ?! » Elle ne l’avait pas beaucoup aidé là, mais il lui demandait d’être honnête et c’est ce qu’elle pensait. Après à lui de voir ce qu’il ferait, si l’un des autres vendeurs avait été là, il lui aurait surement venté les mérites d’un bijou –au prix exorbitant bien sûr- et il l’aurait aussi réprimandé de ne pas avoir sauté sur l’occasion pour lui vendre le plus cher des bijoux de la boutique, mais Charisma était loin d’être ce genre de personne, elle préférait rater une vente en sachant qu’elle avait fait le bon choix au lieu de vendre à un client quelque chose d’en il n’avait même pas besoin. « Même le plus simple des bijoux lui plairait dans ce cas, tu ne penses pas ? Bon après je ne connais pas ta mère je sais pas trop… » Elle lui adressa un petit sourire et se rapprocha du comptoir. En parlant de sa mère, Mikael avait changé de comportement, il avait l’air plus sérieux et posé. Une facette que ne lui connaissait pas Charisma, elle posa son regard sur lui tandis qu'il semblait réflechir à la proposition de cette dernière.

Peut-être que si le père biologique de Mikael n’avait pas eu l’idée de sauver son fils, ou qu’il soit tombé sur quelqu’un qui ne veuille pas le prendre comme s’il était son fils et qui l’aurait renvoyé aussi sec dans son district, Charisma et Mikael se seraient bien mieux entendus. D’abord parce qu’il aurait été soumis aux Hunger Games et à leur moisson, mais également parce qu’il aurait adopté un tout autre comportement. On le dit, on est ce qu’on est grâce ou à cause de notre éducation, le caractère se construit selon cette dernière. Et si Mikael avait été au courant de cela, il aurait aussi agi différemment, c’était certain. Mais heureusement pour lui, sa mère adoptive n’avait jamais rien dit sauf à son mari, et ils l’avaient toujours élevé comme leur propre fils. Pas sûr que le juge Doherty continue à le protéger si son fils lui faisait honte ou lui manquait de respect. Ainsi, tout dérapage lui apprendrait un tas de trucs, mais le conduirait à une perte notable de privilèges. Il avait déjà vingt ans, donc pas de soucis au niveau des jeux, bien qu’il soit encore éligible si il venait à apprendre son adoption. Tout ça pour dire que son statut faisait qu’il était une personne différente, et sans sa mère il serait bien pire : exécrable au possible, trop confiant, se prenant pour monsieur je-sais-tout. Sa mère lui avait permis d’acquérir certaines qualités, et sans elle, il serait probablement l’ennemi public numéro un. Un lien fort existait entre eux, elle chérissait la vie pour lui avoir offert un fils, elle qui ne pouvait pas en avoir et avait reporté toute son attention et son amour sur son fils. Dans les pires moments, elle oubliait sa tristesse en le voyant grandir. Elle aurait aimé qu’il déteste les jeux comme elle, mais elle était persuadée que quelqu’un parviendrait à le faire changer d’avis, à lui faire ouvrir les yeux. Et peut-être que Charisma y parviendrait. Mais c’était une grande énigme.

Si Mikael se plaisait à rendre Charisma folle, ce n’était pas dans le bon sens, elle n’était pas folle de lui et ne le serait probablement jamais, ou alors il y aurait un miracle entre temps, comme l’éradication du Capitole. Ce n’était donc pas près d’arriver. Et pourtant, elle se laissait prendre au jeu. Il n’était pas dupe, il savait bien que c’était histoire de lui balancer une nouvelle pique ensuite, mais pourtant il s’en amusa, et afficha un petit rictus, avant de fanfaronner : « Moi timide ? C’est toi qui a créé cette pancarte je te rappelle. C’est toi qui n’a pas envie d’être dérangée, mais je comprends t’en fais pas, t’as pas à en avoir honte, tu peux le dire que t’as envie de passer du temps avec moi. » Mikael était loin d’avoir peur qu’on le surprenne quelque part. Encore moins en mauvaise posture avec une fille. Après tout, selon lui c’était une chose qui faisait partie de la vie, et il rétorquerait toujours que c’était la façon que les hommes et les femmes employaient pour concevoir des enfants donc qu’il n’y avait rien de honteux. Une certaine façon de voir les choses. Evidemment ça ne s’appliquait qu’aux adultes, ce n’était pas comme si un enfant pouvait comprendre.

Ils ne pourraient jamais bien s’entendre tant que leur différend sur les jeux existait. La raison était plutôt simple, ce jeu faisait des victimes chaque année, et si l’une en souffrait, l’autre était à l’abri et se délectait de cette boucherie. C’était incompréhensible d’ailleurs, et elle ne manqua pas de lui dire. Il aurait dû s’en formaliser, se dire qu’elle avait raison, et que le mot de psychopathe lui collait à la peau, mais il n’en fut rien. Il comprenait son point de vue, et le respectait, mais il ne prit pas ses paroles pour lui, et haussa les épaules : « Si on avait été en guerre contre un autre pays, la boucherie existerait également, et tu ne la condamnerais pas car des gens meurent pour en sauver d’autres. C’est à celui qui veut sauver sa famille et sa peau dans le cas des jeux. Il y en a d’autres comme la dernière gagnante des jeux, qui jouent sur la malice car ils sont incapables de tuer les autres ce que je comprends, mais au final elle en a tué un quand même. L’instinct de survie prend le dessus. Par contre, j’aimerais qu’on change la limite d’âge. Un enfant de 12 ans, aussi fort et intelligent soit-il fait rarement le poids contre un homme de 18 ans ou plus. Il faut que ça reste équitable. » Pour lui il était là le sens d’injustice, pas dans les jeux. Il apparaissait comme immonde, mais encore une fois son point de vue était basé sur sa non-expérience de la moisson et du temps passé dans l’arène.

Mieux valait couper court sur ce sujet, ça ne lui apporterait rien d’autre qu’un déchainement des enfers de la part de Charisma. Il fallait passer à autre chose. De toute façon ils viendraient à en reparler, c’était presque certain. En attendant les éternuements de la jeune femme étaient incessants, et le fait qu’il lui passe un mouchoir l’avait surprise. Ne le croyait-elle pas capable d’une telle chose ? Il semblerait que non. Il avait pourtant des manières, il était bien élevé, mais elle n’avait vu que le mauvais en lui. Elle se comporta d’une drôle de manière ensuite. Elle avait l’air songeur. L’avait-il déstabilisée ? Ca pouvait jouer en sa faveur, mais pour l’instant, il était surtout intéressé par le cadeau de sa mère ce qui était là aussi très surprenant. Elle semblait ne pas attacher d’importance au matériel, car sa réponse n’avait rien d’une vendeuse. Apparemment la jeune femme avait compris que le lien qui unissait Mikael à sa mère était fort. Il grimaça cependant : « Elle le serait probablement. Elle considère qu’elle ne devrait rien recevoir le jour de son anniversaire, car elle a déjà tout ce qu’il lui faut, mais qu’on devrait en profiter pour faire un geste à ceux qui en ont le plus besoin. » Cependant, il ne se voyait pas offrir quelque chose à quelqu’un d’autre que sa mère, et lui balancer un simple ‘Joyeux anniversaire maman.’ Ca ne tenait pas debout. La jeune fille du district un avait raison. Lui offrir un simple truc suffirait, mais pour lui ça serait un affront. « Je crois que je vais quand même prendre le bracelet. » Mais il continua de réfléchir. Il se heurtait à un nouveau problème. Son père considèrerait que ce n’était pas assez pour sa femme. Alors il posa une nouvelle question : « Si t’avais envie que je t’offre quelque chose ça serait quoi ? » Drôle de question qui pourrait la perturber et la faire réfléchir grandement, mais pour lui, il n’y avait aucune équivoque. Il la fixa droit dans les yeux, en attendant une réponse.

Charisma se demandait souvent à quoi aurait pu ressembler sa vie si elle était née dans une famille d’un autre District. Pas forcément le plus pauvre mais juste un autre District. Est-ce que sa vie aurait été différente de celle qu’elle menait aujourd’hui ? Bien sûr qu’elle l’aurait été, d’abord parce que les chances qu’elle ait eu un vainqueur des Jeux dans sa famille aurait été considérablement réduites et de ce fait habiter dans le Village des Vainqueurs n’aurait plus été une option et ensuite, même sans vainqueur dans sa famille, tout le monde sait que le District Un –si on mettait part le Capitole- était le plus riches des douze Districts qui formaient la nation de Panem alors même si elle était née dans la famille la plus riche d’un autre District, elle n’aurait jamais eu la même vie qu’elle avait aujourd’hui. On disait que la famille la plus riche de n’importe quel District n’équivalait même pas la famille la plus pauvre du District Un. C’était peut être vrai mais Charisma ne prêtait guère trop d’intérêt aux bavardages des habitants surtout quand cela concernait les questions d’argent, pour autant qu’on lui posait la question, elle répondait toujours pareil, à savoir que ce n’était pas désagréable de vivre dans tout le faste que leur avait procuré la victoire de son frère, mais que la vie qu’elle avait avant lui convenait parfaitement. Elle se gardait bien d’ajouter que l’argent pour elle ne comptait pas plus que ça et qu’elle aurait été tout aussi heureuse sans lui, les habitants d’un District aussi riche que celui ci appréciait bizarrement rarement de se faire traiter –même en sous entendus- de riches radins.

Mikael semblait prendre plaisir à tourmenter mentalement la jeune femme, comme à chaque fois qu’il venait lui rendre visite d’ailleurs. Charisma se disait des fois qu’il venait la voir que lorsqu’il s’ennuyait, elle était pour lui un moyen agréable de passer le temps et cela à ses dépend. Pourquoi elle en particulier ? Elle n’en avait pas la moindre idée, peut-être parce qu’il savait que fils de juge ou pas fils de juge, Charisma n’en avait rien à faire du rang social que son géniteur portait, si il lui cassait les pieds elle lui retournerait la faveur en rajoutant même une petite pique pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas intérêt à la prendre pour une de ses filles effrayer par l’argent et le pouvoir et qui serait assez bête pour se laisser marcher sur les pieds. C’était aussi pour ça qu’il trouvait ça autant amusant, Charisma ne serait pas surprise d’apprendre qu’elle était la première fille dans la vie de Mikael à lui tenir tête. « Moi timide ? C’est toi qui a créé cette pancarte je te rappelle. C’est toi qui n’a pas envie d’être dérangée, mais je comprends t’en fais pas, t’as pas à en avoir honte, tu peux le dire que t’as envie de passer du temps avec moi. » Charisma ne se l’avouerait surement pas facilement mais elle prenait aussi plaisir à répondre à Mikael avec tout le cynisme qui lui était possible de fournir dans une seule phrase. «Oh moi qui pensait être subtile je me suis faite repérer. J’avoue la pancarte c’est pour pouvoir t’avoir toi et tes répliques à deux balles pour moi toute seule, quoique je doute qu’une fille ai jamais voulu les entendre de bonne grâce. » Une allusion au fait que toutes les filles qu’il fréquente était plus attirées par l’argent qu’il pourrait tirer de lui que par son charme ? Oui très certainement. Un sous-entendu au fait qu’elle le trouvait charmant ? Fortement impossible. Mais d’une certaine manière Charisma ressentait un peu de compassion envers Mikael, elle n’aurait pas su dire pourquoi par contre, mais des fois elle se disait que si ses spéculations étaient avérées et que les femmes qu’ils côtoyaient étaient vraiment attirées que par l’argent et le pouvoir, sa vie devait être bien vide…

Si on avait été en guerre hein ? Alors c’était comme ça qu’il considérait les Jeux, il les transformait en une guerre contre un ennemi inexistant. Il parlait d’équitabilité mais il ne voyait pas que tout ses Jeux n’avaient rien d’équitable, bien au contraire, ils envoyaient des gamins se faire tuer et pourquoi ?! Pour marquer la mémoire de chaque habitant sur ce que le Capitole était capable de faire pour prévenir une autre rébellion, pour garder leur précieux rang et le pouvoir qu’ils pensaient être acquis. Charisma ne devrait être surprise de voir que Mikael pensait pareil, il venait du Capitole après tout, mais elle s’était bercée avec l’illusion que peut être il était différent des autres, à croire qu’elle avait tord de le penser. «Sauf qu’on n’est pas en guerre Mikael ! Ses jeunes ne sont pas morts pour protéger leurs familles ou leurs pays, leurs morts a été vaine, sans raison, à part celle que lui donne les organisateurs et ceux qu’ils les suivent. » Elle parlait bien de lui, son acharnement à vouloir trouver une raison honorable dans les Jeux était peut être louable mais elle était surtout agaçante pour une personne comme Charisma qui avait souffert des Hunger Games.

Parler des Jeux n’allait rien leur apporter de bon alors il valait mieux pour les deux jeunes gens qu’ils changent de sujet et si possible qu’ils ne reviennent pas à l’ancien car Dieu seul sait ce que Charisma pourrait dire si Mikael continuait à lui faire ressasser de mauvais souvenirs… La migraine de la jeune femme recommençait à faire des siennes et même si Charisma était plutôt bonne pour supporter la douleur, une migraine était fourbe et savait attaquer à des moments où le corps était déjà bien affaiblit pour en finir avec la personne. Malgré la douleur Charisma ne voulait rien laisser paraître, elle savait que si elle flanchait elle aurait à faire avec des répliques qui laisser à désirer venant de Mikael et elle se retrouvait de moins en moins en état de riposter. Heureusement pour elle, le jeune homme semblait être absorbé par le choix du cadeau pour sa mère, quelque chose que Charisma ne voyait pas souvent pour ainsi dire jamais alors elle s’était laissée fixer le visage sérieux de Mikael pendant un instant jusqu’à ce qu’il reprenne la parole, elle dévia rapidement son regard –réflexe de stalker sans doute- « Je crois que je vais quand même prendre le bracelet. » Il allait suivre ses conseils finalement, au moins elle n’aurait pas à dire à son patron qu’elle lui avait fait rater une vente avec un client aussi apprécié que Mikael Doherty, mais il l’a pris bien de court lorsqu’il lui demanda ce qu’il lui ferait plaisir à elle comme cadeau. Pourquoi voudrait il avoir son avis ça elle l’ignorait, mais une chose est sûre sa question avait surprise Charisma et elle avait encore moins une idée de réponse à lui donner… Voyant le regard du jeune homme fixait sur le sien, elle finit par répondre :« Je sais pas comment je dois le prendre, tu me considère comme une mère ?... N’importe quel cadeau ferait l’affaire alors ! » Ah l’humour, sauveur des instants gênants ! Mais pour l’instant elle n’avait pas vraiment répondu à Mikael. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle devrait lui répondre, elle se contenta de faire un sourire mi gênée mi assurée et de le fixer comme lui avait fait depuis tout à l’heure.

Ce qu’il y avait de drôle chez Mikael c’est qu’il apparaissait comme un tortionnaire auprès de Charisma alors qu’il n’en avait pas l’étoffe. Il était loin d’être un homme qui dirige et ne respecte pas les femmes. Comme tout homme hétérosexuel, il les aimait bien évidemment, et s’il se plaisait à jouer le macho de service, il n’y avait qu’à voir comment il se comportait avec sa mère pour comprendre que tout ceci n’était qu’un subterfuge pour se donner un genre. Il était plus sensible qu’il n’y paraissait, et les gens qui avaient l’habitude de le côtoyer notamment lors de ses venues dans les districts pauvres pour leur offrir des rations gratuitement, étaient à même de distinguer le vrai du faux. Mikael ne voulait juste pas faire honte à son père, cet homme respecté de tous, mais il n’était juste pas comme lui. Certes il aimait les jeux autant que lui, mais il argumentait souvent contre la limite d’âge qui était bien trop jeune. Voir mourir des enfants n’était pas plaisant, même pour lui qui adorait les jeux. Une fois, il s’était lié d’amitié avec un petit garçon d’un district inférieur, et avant les jeux ils étaient souvent fourrés ensemble, dans le secret, puisque son père ne voulait pas qu’il invite des gens chez eux qui ne venaient pas du Capitole. Luke est parti pour les jeux lors de la moisson suivante. Il n’est jamais revenu et il s’est fait exterminer dans les tous premiers. Il avait douze ans tout juste. Première participation et aussi la dernière année de sa vie. Ca avait choqué le jeune garçon du Capitole. Sa mère avait voulu qu’il se rende auprès de la famille, mais il n’avait pas pu. Il s’était senti coupable d’avoir treize ans et de ne pas y participer tandis que Luke était mort. Mais cette culpabilité ne dura pas longtemps : son père le poussa à oublier ce sentiment-là, décrivant la culpabilité comme de la lâcheté. Il devait affronter. Il oublia bien vite le pauvre Luke, du moins en apparence, car chaque année la famille du défunt reçoit de quoi vivre sans encombre, le jour de la mort de leur fils.

Tout n’était qu’une question d’apparence dans le monde du Capitole, quoiqu’à Panem aussi, du moins pour son cas, car il ne changeait pas de comportement avec Charisma, et ce qui était troublant c’est qu’il avait conscience de ses actes et que ça ne le faisait pas changer pour autant. Heureusement ce n’était pas une si mauvaise entente que les deux jeunes partageaient. Ca avait beau contenir des piques en tous genres, ils ne se manquaient pas vraiment de respect, et s’il l’avait déjà fait elle l’aurait probablement déjà viré à coups de pied. Pourtant Charisma repoussa de nouveau les limites dans son cynisme incroyable tant il était fort, et si Mikael n’avait pas apprécié, ça se traduisit par un silence. Pourtant, il reprit rapidement : « Toi t’y es contrainte. Tu pourrais ne pas les entendre, mais j’ai comme l’impression que tu crains quelque chose, n’est-ce pas ? » Sous-entendu qu’il y avait bien des choses qu’elle taisait à cause du statut du père de Mikael et il le savait bien. Mais ce qu’elle ne savait pas c’est qu’il n’était pas du genre à balancer les gens, sauf cas exceptionnel. Mais il pouvait toujours jouer du statut de son père, ça l’amusait en fin de compte. Mais il était vrai que Charisma avait pointé du doigt quelque chose de véridique. Mikael prétendait être en couple avec sa grande amie Maysilee pour lui rendre service, mais sinon rien de bien probant. Il payait Nabheri en échange de quelques services, bref sa vie relationnelle et amoureuse était comparable au néant. Le problème résidait dans son attitude et il le savait bien, mais il faisait des choix qu’il assumait.

Tout comme de clamer haut et fort qu’il appréciait les jeux, même si ça ne plaisait pas et que ça n’était pas au gout de la majeure partie des gens. Dont Charisma, qui semblait s’énerver de plus en plus sur son cas. Elle semblait même lui reprocher ce qu’il avait à redire des jeux, elle n’était pas impartiale, elle vivait l’horreur des jeux. Ca pouvait se comprendre. « Non pas en guerre. Mais tout régime politique fait de la répression à ceux qui se rebellent. Et le problème c’est que les rébellions sont allées trop loin et n’ont pas réussi à renverser le régime, du coup vous en payez les conséquences. Ce n’est pas juste mais c’est pas moi qu’il faut blâmer. Prends t’en à ceux qui ont eu la mauvaise idée de la révolution. Prends t’en aux mesures drastiques pour contrecarrer et punir la population. Elle n’est pas vaine leur mort. Ces jeux sont une manière de racheter l’honneur d’une famille, et la mort est la punition pour leur affront. Ce n’est pas la première fois que ce genre d’évènement se produit dans l’histoire, mais on a de toute façon pas notre mot à dire. » Son ton était grave, il savait bien qu’il ne devait pas pousser la discussion trop loin à ce sujet, car ça finirait en pugilat, et ce n’était pas nécessaire car il ne voulait pas employer des moyens qu’il pourrait regretter. Il aimait les jeux parce qu’il aimait les combats, et il avait des vertus qui se retrouvaient mêlées à ça : l’honneur, la fierté, la volonté. Mais dans sa tête raisonnait toujours ce que la voyante lui avait dit : qu’il finirait par se détacher des jeux et qu’il serait un pilier pour la suite, qu’il pouvait changer les choses.

En attendant il avait donc trouvé ce qu’il achèterait à sa mère. Le seul hic serait la réaction de son père. Il aurait donc à trouver autre chose pour le convaincre. Quand il demanda d’ailleurs à Charisma ce qu’elle voudrait qu’on lui offre bien qu’il l’ait formulé différemment, elle sembla surprise, tellement que son humour traduisait son malaise. D’ailleurs il s’en offusqua presque : « T’as fumé ? T’es plus jeune que moi ! T’as jamais envie qu’on t’offre des trucs à ton anniversaire ? T’es franchement bizarre. » Oui elle l’était, dans un sens qu’elle semblait fatiguée. A l’observer, quelque chose clochait. Et il n’en fallut pas plus pour que Mikael s’intéresse à ça : « T’es sure que ça va ? On dirait que t’as vu un fantôme. » Et il ricana avant d’ajouter : « Puisque les clients ne se bousculent pas, comme d’habitude, tu devrais penser à fermer. Je peux te ramener. » Oui enfin son chauffeur.

Plus l'horloge avancer, plus Charisma voyait que le temps n'allait pas en s'améliorant. Le vent avait fait son entrée et ce qui avait débuté en averse c'était vite transformé en déluge. La télévision nationale de Panem racontait souvent n'importe quoi et Charisma devrait dorénavant rajouter les prévisions météos à la liste. Ce n'était pas tant qu'il pleuve qui gênait la jeune femme loin de la, d’habitude elle adorait la pluie, le bruit des gouttes ruisselant sur la fenêtre était bien l'une des rares choses à pouvoir la calmer, mais même si elle aimait la pluie, elle l'aimait surtout la contemplait assise bien au chaud chez elle, pas se la prendre sur son corps déjà assez éprouvée par l'entraînement drastique de Levi. Elle avait beau être sa sœur, il ne montrait aucune pitié envers elle lorsqu’il l’entrainait, une vrai machine ? Charisma ne s’en plaignait pas, elle savait que s’il se montrait aussi dur envers elle et Jasper c’était pour les préparer à un scénario où ils devraient combattre pour leurs propres survies et même si elle détestait se l’admettre, elle tenait beaucoup trop à sa vie pour se laisser mourir dans l’arène. Mais apparemment elle était encore loin d’être indestructible, Il ne lui fallut à peine quelques heures sous une météo peu clémente pour ressentir les premiers signes d'un bon coup de froid, un signe qu’elle n’était aussi forte qu’elle aurait voulu le faire paraître aux autres…

Craindre quelque chose ? Qu’est-ce qu’il voulait insinuer par craindre quelque chose ?… Ce qu’il voulait insinuer était clair et pour une raison inconnu, cela énerver Charisma encore plus. Tout le monde savait qu’il était le fils d’un juge et que par conséquent il pouvait détruire la vie d’une personne ou le propulser au sommet de la société par un simple claquement de doigts. Charisma détestait ce genre de personne, ayant du pouvoir et en être bien conscient, ils étaient les pires êtres sur cette planète, mais bien qu’elle puisse porte un profond dégout envers ce genre de personnes, elle savait très bien qu’elle n’avait pas d’autres choix que de se taire et laisser son opinion pour elle. Mikael n’avait pas mis longtemps à comprendre ça –En même temps, Charisma n’avait pas fait beaucoup d’efforts pour le cacher devant Mikael- Mais de la à dire qu’elle craignait d’en parler. « Tant que cela ne concerne que moi je crains peu de choses. » Une simple phrase qui en disait long. Oui Charisma avait des craintes, sauf qu’à la différence du reste des habitants de Panem ou des jeunes de son âge, ses craintes ne portaient pas sur le maquillage qu’elle allait porter, les tatouages qu’elle allait se faire faire ou les vêtements qu’elle allait porter. La seule –ou presque- peur qu’elle avait, était qu’un membre de sa famille se retrouve en danger, de n’importe quelle manière. On peut dire que voir son frère partir pour les Jeux sans savoir s’il allait survivre ou pas avait traumatisé la jeune femme et elle ne souhaitait plus jamais avoir à ressentir le genre de sentiments qu’elle avait eu ce jour là. Alors si elle tenait sa langue et qu’elle faisait attention à ce qu’elle disait ce n’était pas tant par peur des châtiments que les pacificateurs pouvaient lui infliger mais de ce qu’ils pourraient faire à sa famille…

S’énerver contre Mikael ne servait à rien. Ca n’allait pas changer les choses et encore moins lui apporter quoique ce soit. Ca elle en avait conscience, mais elle avait du mal à se contenir, surtout lorsqu’elle entendait le jeune homme faire référence aux Jeux comme une chance aux familles des Districts de racheter leurs honneurs, comme si ils devaient prêter allégeance au Capitole. « T’as raison, on a rien à dire et Essayer d’argumenter sur ce sujet est peine perdu avec toi. Je peux concevoir que t’as un point de vu différent, mais s’il te plait n’essaye pas de faire passer leur mort comme une mort honorable. Ca n’existe pas les morts honorables, c’est juste une illusion que les gens créent pour se réconforter de la mort d’un proche…» Elle en avait peut être trop dit tout à l’heure et elle ne voulait pas en rajouter, surtout pas avec une personne comme Mikael, après tout c’était un peu l’ennemi à abattre, enfin pas jusque là mais presque !

Avec le choix du bijou pour sa mère, l’humeur de Mikael avait changé, il était plus réjoui, il était loin du gars imbus de lui-même et de l’apparence qu’il laissait entrevoir en temps normal. Charisma était surprise de le voir comme ça, mais le naturel revient toujours au galop. « T’as fumé ? T’es plus jeune que moi ! T’as jamais envie qu’on t’offre des trucs à ton anniversaire ? T’es franchement bizarre. » Ouais le bon vieux Mikael était bien là et Charisma se sentait plus à l’aise avec ce Mikael que celui qui était gentil. «Contrairement à ce que tu penses je pars du principe que c’est l’intention qui compte donc je préfère avoir la surprise de voir ce qu’on m’offre que ce d’obliger les autres à me l’acheter ! » Ca ne surprendrait pas la jeune femme d’apprendre que Mikael était une de ces personnes qui font une liste de cadeaux pour leurs anniversaires, Charisma pensait surtout que ce genre de pratique enlevait tout le charme qu’un anniversaire pouvait avoir… « T’es sure que ça va ? On dirait que t’as vu un fantôme. » L’occasion était trop tentante pour Charisma, elle répondit presque comme par réflexe : « Non c’est juste que j’ai vu ta tête pendant trop longtemps aujourd’hui, mon corps réagit mal ! » S’en suivit le sourire qu’elle lui destinait lorsqu’elle voulait se moquer de lui, mais il avait raison, elle ne se sentait pas très bien et s’il lui avait fait remarquer c’est quelle devait vraiment avoir l’air d’avoir vu un fantôme. « Puisque les clients ne se bousculent pas, comme d’habitude, tu devrais penser à fermer. Je peux te ramener. » Elle lui jeta un regard curieux à sa proposition. Il ne lui avait jamais proposé de l’emmener nulle part, cela ne lui ressemblait pas, d’habitude il se contentait de faire une allusion à son mauvais caractère et s’en allait son sourire arrogant collé au visage. Charisma ne savait pas trop si elle devait accepter ou pas alors pour gagner un peu de temps elle finit par lâcher d’un air faussement désolé : « Oh j’aurais adoré mais je ne peux pas fermer toute seule. Dommage j’aurais tué pour être raccompagner par THE Mikael Doherty »

Mikael n’usait que très rarement des menaces puisqu’il n’avait que très rarement à faire à quelqu’un qui prenne son courage à deux mains pour lui faire des réflexions. Et puis il ne rencontrait de des vieux incapables de se rebeller, donc il ne prenait pas la peine de faire de l’abus de pouvoir. Selon sa mère il en était de toute façon incapable. Il ne ressemblait pas à son père, il était profondément bon, et il ne faisait que se donner un genre pour se protéger de ceux qui ne le connaissaient pas et se permettaient de juger en vue de ce qu’on racontait, ou parce qu’il était fils de juge. Ils étaient loin les instants où il jouait dans les districts inférieurs avec les autres enfants qui ne voulaient pas jouer avec lui et qui s’éloignaient toujours plus. Il avait appris à jouer tout seul. Il n’avait même pas de rancœur envers ces gens-là, il les comprenait parce qu’ils étaient jaloux de sa chance. Mais il aurait même aimé être à leur place. Parce qu’être privilégié n’avait aucun sens pour lui. Il ne devait pas l’être, il ne pouvait prouver sa valeur. S’il se permettait de menacer Charisma c’est parce qu’il voulait lui faire comprendre qu’il n’avait aucune intention de les mettre en œuvre. Elle ne semblait pas vouloir le voir comme quelqu’un de normal, elle croyait qu’il était mauvais, qu’il se plaisait à leur faire ressentir sa supériorité qui était cela dit inexistante. Celle de son père existait, pas la sienne, il n’était qu’un ‘fils de’, rien d’autre. D’ailleurs il n’effrayait que très peu, mais c’était aussi parce qu’il évitait le contact social depuis de longues années.

« Tu sais que tu laisses un peu trop d’indices ? J’éviterais de dire ça à ta place. Ca pourrait sauver les êtres qui te sont chers. » Il avait parfaitement compris où elle voulait en venir. Le but n’était pas de l’effrayer, mais il lui donnait un conseil comme un autre. Après tout s’il avait voulu lui faire du mal, il aurait tenté bien avant cela. Et pour ce qui était de ce dont il avait envie, elle ne semblait pas vouloir accepter, donc il laissait tomber pour l’instant le temps de trouver une nouvelle idée valable. « N’essaye pas toujours de fanfaronner, de te croire intouchable, tout le monde sait bien que la principale faiblesse de chaque personne c’est sa famille. » et pour lui aussi. Depuis un moment Mikael apparaissait plutôt calme, peu provocateur, il étalait juste sa science et cherchait à la convaincre. Dans quel but ? Aucun autre que celui de la protéger. Pourquoi ? Il n’y avait pas d’explication. Il l’aimait bien, ça crevait les yeux, mais de là à lui dire, il s’en passerait des années, probablement même qu’il ne lui dirait jamais, il aimait trop la taquiner pour ça. Seulement ses taquineries n’étaient pas souvent prises pour telles, et lorsqu’il s’agissait d’un sujet sérieux, les esprits s’échauffaient, ou plutôt celui de Charisma. « Tu n’argumentes pas Charisma, là est le problème ! Tu t’obstines à dire que j’ai tort et tu ne tolères absolument pas un point de vue différent. Je comprends que t’aies souffert des jeux quoique tu aies été chanceuse de ne pas perdre ton frère, mais je ne suis pour rien dans ton malheur. Je ne suis ni l’origine ni la cause des Hunger Games. Et être mort au combat c’est plus honorable qu’être mort dans son lit peinard. T’as l’air de m’en vouloir parce que je ne suis pas concerné, mais si je le pouvais je prendrais ta place. » Ce n’était peut-être pas ce qu’elle imaginait comme réponse, et peut-être qu’elle le traiterait de fou pour vouloir tenter le diable, mais il était animé par de grosses motivations. Il n’avait en plus, pas peur de mourir. Il ne comprenait pas vraiment toute l’animosité qu’elle abritait, après tout son frère était ressorti vainqueur des jeux, alors il en venait à se demander si son frère agissait d’une manière différente depuis son retour ce qui pouvait expliquer son comportement. « Mais dis-moi…Depuis que ton frère est revenu, il est différent ? Il te fait du mal ? » Si elle répondait par la positive, il demanderait peut-être à sa mère si c’était judicieux d’intervenir. Sinon il ne bougerait pas.

Charisma faisait exprès de mal prendre ses propos pour les retourner à sa sauce et lui envoyer de nouvelles piques. Elle ne voyait que le mal en lui, et ça l’agaçait, il était réduit à un être immonde qu’il ne pensait pas être. « Tu as mal compris. » Il soupira, il s’éternisait dans la boutique, et il aurait du mal à se justifier, pas pour autant qu’il allait se défiler et partir. « Je voulais dire que tu as forcément des choses que tu aimerais avoir, sans pour autant les demander à qui que ce soit. La preuve ma mère ne demande rien. Elle dit toujours qu’elle a un fils alors elle ne veut rien d’autre. Mais on a tous des choses qui nous feraient plaisir. Par exemple, je suis pas sur que ce bracelet lui fasse plaisir. Alors comme tu es une femme – et j’ai pas dit gamine – je pensais que tu aurais un avis la dessus, mais merci de ton aide. » La politesse refaisait surface, les bonnes manières aussi. S’il faisait un effort pour se montrer plus aimable, ce n’était pas le cas pour elle qui continuait de se moquer de lui ouvertement. « Si je te mets dans cet état j’éviterais à l’avenir de venir t’importuner, et si tu crains de dire les choses, alors fais en sorte que les gens pensent que la boutique est fermée, tu n’aurais pas à supporter ma tronche. » Et il lui fit un sourire forcé. Il cherchait à lui renvoyer les piques par le biais de son intelligence de situation, malin mais pas utile s’il voulait éviter d’envenimer les choses. Quant à sa proposition, elle fut rejetée par le biais d’une fausse excuse qui lui fit lever les yeux au ciel avant de lâcher : « C’est bien ce que je pensais. Manque de pot pour toi…j’ai pas l’habitude de réitérer mes propositions. Bonne chance pour affronter la pluie avec un joli rhume. » Et il s’approcha un peu plus d’elle avant de lui murmurer : « Sale caractère. » Puis il s’écarta, déambula dans la boutique, comme pour réfléchir, et il finit par dire : « Bon si ça ne t’écorche pas trop, tu me fais un joli papier-cadeau pour ma mère ? En mettant de côté ta rancœur, si possible. Merci. » Comme s’il parlait à un répondeur. Mikael ou l’art de faire chier jusqu’au bout.